Services publics et collectivités : les équipements de protection individuelle, une nécessité absolue

Les agents en contact avec les déchets, les eaux usées ou les espaces verts sont particulièrement exposés aux risques biologiques. Les principales sources de contamination sont :

• Les piqûres avec des seringues souillées lors de la collecte des déchets
• Les coupures avec du verre ou du métal contaminés
• L'inhalation de bioaérosols (poussières organiques, moisissures) lors du compostage ou du tri des déchets
• Le contact avec des animaux porteurs de zoonoses (leptospirose, toxoplasmose) lors de l'entretien des espaces verts

Pour se protéger, le port de gants épais, de vêtements couvrants, de masques et de lunettes est indispensable. Les EPI doivent être conformes aux normes EN 374 (gants contre les produits chimiques et les micro-organismes) et EN 14126 (vêtements contre les agents infectieux).

De nombreux agents utilisent des produits chimiques dans leur travail : produits d'entretien, peintures, solvants, pesticides, etc. Des produits qui peuvent être à l'origine d'intoxications, de brûlures ou d'allergies en cas de contact ou d'inhalation.

Pour se protéger, il est essentiel de porter des EPI adaptés aux produits manipulés :

• Gants en nitrile ou en néoprène pour les acides et les solvants (norme EN 374)
• Masque filtrant anti-gaz et anti-poussières (norme EN 149)
• Lunettes ou écran facial anti-projections (norme EN 166)
• Combinaison étanche aux produits chimiques (norme EN 14605)

Le choix des EPI doit se faire en fonction des fiches de données de sécurité (FDS) des produits qui précisent les dangers et les moyens de protection appropriés.

Les métiers techniques des collectivités exposent à de nombreux risques physiques :

• Le bruit des machines et des outils peut entraîner une perte auditive irréversible. Le port de protections auditives (casque antibruit, bouchons d'oreilles) conformes à la norme EN 352 est obligatoire.
• Les vibrations transmises par les engins et les outils (tondeuses, tronçonneuses) peuvent provoquer des troubles musculo-squelettiques. Pour réduire les vibrations, il faut utiliser des gants et des sièges anti-vibrations (norme EN ISO 10819).
• La manutention de charges lourdes (mobilier urbain, sacs de déchets) favorise les lombalgies et les accidents. Le port de chaussures de sécurité, de gants et de ceintures lombaires aide à prévenir ces risques.

Les agents qui les conduisent ou qui travaillent à proximité sont exposés à un fort risque routier.

Pour assurer leur visibilité, tous les agents intervenant sur la voie publique doivent porter des vêtements haute visibilité de classe 2 ou 3 conformes à la norme EN ISO 20471. Ces vêtements fluorescents et rétro-réfléchissants permettent d'être visible de jour comme de nuit et par tous les temps.

• Casques de protection pour les chantiers et les interventions techniques (norme EN 397)
• Casques de pompiers conformes à la norme EN 443 et aux spécifications de la DGSCGC
• Cagoules et casques forestiers pour les travaux d'élagage et de débroussaillage (norme EN 397)

• Gants contre les risques mécaniques (coupures, perforations, abrasion) en cuir ou en textile haute ténacité comme le Kevlar (norme EN 388)
• Gants étanches en nitrile ou néoprène contre les produits chimiques et biologiques (norme EN 374)
• Gants anti-coupure pour la manipulation du verre et des déchets tranchants (norme EN 388)
• Gants anti-vibrations pour les travaux avec des outils vibrants (norme EN ISO 10819)
• Gants anti-piqures pour la protection des seringues (norme ANSI PIQURES)

• Vêtements haute visibilité de classe 2 ou 3 pour tous les travaux sur la voie publique (norme EN ISO 20471)
• Combinaisons jetables étanches aux particules radioactives et aux agents infectieux (norme EN 1073-2 / EN 14126)
• Vêtements de protection pour pompiers conformes aux normes EN 469, EN 15614, EN 1486
• Tenues anti-coupure pour l'élagage et le débroussaillage (norme EN 381)

• Chaussures de sécurité avec coquilles et semelles anti-perforation pour les travaux de voirie, d'espaces verts et de collecte des déchets (norme EN ISO 20345)
• Bottes étanches avec semelles antidérapantes pour les travaux en milieu humide (norme EN ISO 20347)
• Chaussures isolantes pour les travaux électriques (norme EN 50321)

• Masques jetables filtrants FFP2 ou FFP3 contre les poussières et les aérosols (norme EN 149)
• Demi-masques et masques complets avec filtres antigaz et anti-particules (norme EN 140 / EN 136 / EN 14387)
• Appareils respiratoires isolants (ARI) pour les pompiers et les interventions en milieu toxique (norme EN 137)

Cette liste n'est pas exhaustive tant les risques sont variés. L'essentiel est d'analyser les dangers liés à chaque poste et de choisir des EPI adaptés, confortables et conformes aux normes. Un choix qui doit se faire en concertation avec les agents, le médecin du travail et les représentants du personnel.

Le secteur des EPI est en constante évolution sous l'impulsion des progrès technologiques et des retours d'expérience. Parmi les tendances actuelles, on peut citer :

• L'utilisation de matériaux plus légers, plus résistants et plus durables comme les fibres haute ténacité (Kevlar, Dyneema) ou les tissus à mémoire de forme.
• Le développement d'EPI "intelligents" intégrant des capteurs qui mesurent les paramètres physiologiques (rythme cardiaque, température) ou détectent des substances dangereuses. Ces EPI connectés permettent une surveillance en temps réel de l'état de santé des agents.
• L'intégration de systèmes de communication dans les casques et les masques pour faciliter les échanges lors des interventions.
• La conception d'exosquelettes pour assister physiquement les agents dans les tâches pénibles comme le port de charges lourdes. Encore au stade expérimental, ils pourraient à terme soulager la pénibilité de certains métiers.

Ces innovations ouvrent de nouvelles perspectives en matière de protection des agents. Elles devront faire leurs preuves en situation réelle et être intégrées de façon progressive et concertée.

Fournir des EPI adaptés est indispensable mais non suffisant. Encore faut-il que les agents sachent les utiliser correctement et les portent de façon systématique. D'où l'importance de la formation et de la sensibilisation.

Tout nouvel embauché doit être formé au port et à l'entretien de ses EPI avant sa prise de poste. Cette formation doit être renouvelée régulièrement, à chaque changement d'équipement et après chaque accident. Elle doit comporter une partie théorique sur les risques et une mise en pratique des bons gestes.

Au-delà de la formation, des actions de sensibilisation régulières permettent de maintenir la vigilance. Elles peuvent prendre différentes formes :

• Campagnes d'affichage avec des visuels impactants
• Ateliers pratiques et mises en situation
• Témoignages d'agents accidentés
• Challenges et serious games
• Valorisation des bonnes pratiques

L'objectif est de faire du port des EPI un réflexe et une fierté, et non une contrainte. Cela passe par une communication positive et participative, qui implique les agents dans la démarche de prévention.

L'exemplarité de l'encadrement est essentielle. Les responsables doivent montrer l'exemple en portant systématiquement leurs EPI et en faisant respecter les consignes. Ils doivent également être à l'écoute des remontées du terrain et réagir rapidement en cas de non-port ou d'équipement défectueux.