Norme EN16321 : quels impacts sur vos lunettes de protection ?
Les yeux sont notre sens le plus précieux mais aussi le plus fragile. Pourtant, ils restent trop souvent mal protégés au travail. Chaque année en France, près de 15 000 accidents touchent la région oculaire, dont 10 à 20% entraînent des séquelles irréversibles selon l'INRS. Un triste constat qui rappelle l'importance de s'équiper de lunettes de protection adaptées à son activité.
Depuis plus de 20 ans, la norme européenne EN166 définit les exigences de base en matière de protection oculaire au travail. Tests de résistance, classe optique, marquage… Elle est la référence pour la certification des lunettes, masques et visières. Mais cette norme a ses limites et nécessitait une mise à jour.
C'est désormais chose faite avec la publication de la norme ISO 16321 qui va progressivement remplacer l'EN166 et devenir le nouveau standard international. Unification des essais, renforcement des exigences, évolution des marquages… Décryptage de ce qui va changer concrètement pour vos lunettes de protection.




Pourquoi une nouvelle norme pour les lunettes de protection ?
Publiée en 2001, la norme EN166 a marqué une avancée importante en définissant pour la première fois des exigences de sécurité communes pour les protecteurs oculaires individuels. Mais plus de 20 ans après, elle commençait à montrer ses limites face aux évolutions des besoins et des technologies.
L'un des principaux écueils de l'EN166 était de ne prévoir que deux tailles de têtes factices pour réaliser les essais : medium et small. Loin de refléter la diversité morphologique des utilisateurs ! Cela conduisait à des ajustements approximatifs et inconfortables. Autre critique, la norme européenne ne prenait pas en compte certains risques spécifiques comme la chaleur radiante ou les projections de métal fondu.
Pour y remédier, le Comité Européen de Normalisation a travaillé sur une nouvelle norme en collaboration avec l'ISO (Organisation Internationale de Normalisation). Objectif : harmoniser les exigences et méthodes d'essai au niveau mondial pour faciliter la conception et la certification des produits. Un vrai défi alors que les normes et réglementations varient fortement d'un pays à l'autre !
Fruit de ce travail, la norme ISO 16321 a été publiée entre 2021 et 2022. Sa vocation ? Améliorer la protection individuelle en renforçant les tests de résistance mécanique et optique. Mais aussi couvrir de nouveaux risques comme la chaleur ou les projections de liquide. Sans oublier une meilleure prise en compte de la compatibilité avec les autres équipements de protection individuelle. De quoi marquer une nouvelle étape pour la sécurité des yeux au travail.
Quelles évolutions dans les tests et exigences ?
Avec la norme ISO 16321, c'est toute la conception des protecteurs oculaires qui est repensée. À commencer par les essais, qui seront désormais réalisés sur 6 tailles de têtes factices au lieu de 2 : 1S, 1M, 1L pour les morphologies européennes et 2S, 2M, 2L pour les asiatiques. De quoi couvrir 95% de la population mondiale ! La taille 1M servira de référence par défaut. Fini les lunettes "taille unique", place aux modèles mieux ajustés pour s'adapter comme une seconde peau.
Les tests de résistance mécanique font aussi peau neuve. Exit les anciens niveaux S, F, B et A de l'EN166. Ils sont remplacés par 4 classes : C (45 m/s), D (80 m/s), E (120 m/s) et HM pour "High Mass" (masse élevée). Si les vitesses d'impact sont globalement revues à la baisse, le niveau de base devient plus exigeant avec un projectile de 25 mm et 66 g (contre 22 mm et 43 g avant). Les zones de protection minimales s'étendent de l'orbite oculaire (C) au visage complet (E) selon la vitesse. Un vrai renfort pour limiter les blessures !
Côté optique, la norme ISO 16321 vise une meilleure qualité de vision. Là où l'EN166 ne fixait qu'un seuil minimal de transmission lumineuse à 74,4%, on passe à 80% pour les oculaires sans filtre et 75% pour les visières. La diffusion de la lumière, qui génère de l'inconfort, sera mesurée selon une nouvelle méthode plus fiable. Autre nouveauté : l'évaluation objective du champ de vision au lieu d'un simple contrôle visuel. Votre sécurité ne se fera plus au détriment du confort !
Enfin, la nouvelle norme introduit des exigences optionnelles pour s'adapter à des besoins spécifiques. Marquage "CH" pour la résistance chimique aux acides, bases et hydrocarbures. Marquage "7" pour la protection contre la chaleur radiante jusqu'à 10 kW/m2. Ou encore marquage "6" pour la résistance aux jets de liquide. Des critères qui vont au-delà de la simple projection de gouttelettes. De quoi voir venir tous les risques !




Décryptage des nouveaux marquages
Avec la norme ISO 16321, c'est un nouveau langage qu'il va falloir apprendre à déchiffrer sur vos lunettes de protection. Oubliez les marquages EN166, place à un tout nouveau code qui en dit long sur les performances de vos équipements !
Première évolution : les marquages des filtres. Exit les chiffres, bienvenue aux lettres. Les filtres UV passent de 2 à U, les solaires de 5 à G, les infrarouges de 4 à R. Seule la classe de protection (de 1.2 à 5) reste pour indiquer le niveau de filtration. Les filtres de soudage troquent eux les nombres (de 1.2 à 16) contre un simple W. Petite subtilité : un L peut s'ajouter pour garantir la conformité à la reconnaissance des signaux lumineux. Ainsi 2-1.2 devient U1.2 et 4-3 se transforme en R3.
Changement de code aussi pour la résistance aux impacts. Les niveaux S, F, B et A de l'EN166 laissent place à C (45 m/s), D (80 m/s), E (120 m/s) et HM (masse élevée). Si les vitesses sont globalement revues à la baisse, le test de base (sans marquage) devient plus sévère. À noter que le T peut toujours s'ajouter pour indiquer la résistance aux températures extrêmes de -5 à 55°C.
Vous découvrirez aussi de nouveaux marquages correspondant aux exigences optionnelles introduites par l'ISO 16321. Le 6 indique une protection renforcée contre les jets de liquide, au-delà des simples gouttelettes. Le 7 certifie la résistance à la chaleur radiante jusqu'à 10 kW/m2. Les lettres CH, elles, attestent d'une protection chimique contre les acides, bases et solvants. Pratique pour identifier d'un coup d'œil les lunettes adaptées à votre environnement.
Vous noterez enfin quelques disparitions. Le S de solidité renforcée n'a plus lieu d'être avec le nouveau test de base. Le 8 de protection contre l'arc électrique est lui repris dans une norme dédiée. Quant à la classe optique (1, 2, 3), elle ne s'affiche plus sauf si une performance améliorée est revendiquée (marquage 1). Dernière obligation : la présence du code taille (1S, 1M, 1L, 2S, 2M, 2L) pour identifier la tête factice utilisée lors des essais.
Anciennes vs nouvelles lunettes : quels changements concrets ?
Les gants de protection sont encadrés par des normes européennes qui définissent des critères de performance. Voici les principales à connaître :
- EN 420 / EN ISO 21420 : exigences générales pour tous les gants (innocuité, dextérité, taille…)
- EN 388 : protection contre les risques mécaniques. 6 critères testés : abrasion, coupure par tranchage et ISO, déchirure, perforation, impact. Niveau de performance de 1 à 4 ou de A à F.
- EN 407 : protection contre la chaleur et/ou le feu. 6 critères : comportement au feu, chaleur de contact, convective, radiante, petites projections, grosses projections. Niveau de 1 à 4.
- EN 511 : protection contre le froid. 3 critères : froid convectif, froid de contact, perméabilité à l'eau. Niveau de 0 à 4.
- EN 374 : protection contre les produits chimiques et les micro-organismes. 3 types : A (temps de passage > 30 min pour au moins 6 produits), B (> 30 min pour au moins 3 produits), C (> 10 min pour au moins 1 produit).
D'autres normes existent pour des risques spécifiques comme l'EN 381-7 (tronçonneuse), l'EN 60903 (électricité), l'EN 1082 (couteau à main), etc.
Vérifiez que les gants choisis disposent bien des certifications requises pour votre métier. Elles sont symbolisées par un pictogramme suivi des niveaux de performance atteints.


Conclusion
Nouvelle conception, performances renforcées, marquages repensés… La norme ISO 16321 marque une vraie rupture dans l'univers des lunettes de protection. Avec des exigences accrues en termes de résistance mécanique, de qualité optique ou encore de filtration, elle vise un objectif clair : toujours mieux protéger les yeux des travailleurs, sans compromis sur le confort.
Si certains équipements précurseurs donnent déjà le ton, la transition ne fait que commencer. Vous avez jusqu'à novembre 2024, date de fin de coexistence des normes EN166 et ISO 16321, pour renouveler vos lunettes. Mais pourquoi attendre ? En adoptant dès maintenant des protections dernière génération, vous posez un geste fort pour la santé et la sécurité de vos équipes.
Chez Groupe RG, nous sommes à vos côtés pour vous guider dans cette évolution. Nos experts sont à votre écoute pour identifier vos besoins, vous conseiller les meilleures solutions et vous accompagner dans leur mise en œuvre. Avec plus de 60 ans d'expérience dans la protection individuelle, nous mettons notre expertise à votre service. Ensemble, donnons-nous les moyens de voir plus loin !